« On prend soin de notre terre parce qu’on est bien les seuls à pouvoir le faire », chante Kalune dans Les Fleurs de la résistance : « on se bouge, on se lance, on vise l’autosuffisance et on ose, on propose, un profond changement de choses ».
Tout en faisant danser son public au rythme de ses textes engagés Kalune le pousse à agir pour la planète. Et ses paroles résonnent avec l’appel de l’UNESCO qui entend bien intégrer la culture à son Agenda 2030 pour le Développement Durable : « Du patrimoine culturel aux industries culturelles et créatives, la culture est à la fois un catalyseur et un vecteur de dimensions économiques, sociales et environnementales du développement durable. »
Notre culture c’est notre identité
Ethnique, géographique, sociale mais dans le langage courant lorsqu’on parle de culture on entend aussi littérature, musique, théâtre, peinture… Autant de disciplines qui peuplent notre quotidien, influencent notre humeur, aiguisent nos appétits et excitent nos passions. Mais comment une chanson ou un tableau pourraient-ils être des « catalyseurs » du Développement Durable ? Qui parmi tous ceux qui ont chanté à tue-tête « L’hymne de nos campagnes » de Tryo a pris conscience que c’est grâce à la forêt que l’on respire ?
Respire ? Également titre phare de Mickey 3D repris dernièrement avec Big Flo et Oli.
L’appel des artistes à prendre soin de la nature ne date pas d’hier
Déjà le Candide de Voltaire nous appelait à cultiver notre jardin au sens littéral et philosophique, Diderot dans son Supplément au Voyage de Bougainville célébrait le mythe du bon sauvage et les poètes romantiques comme Baudelaire avaient le spleen de la nature et de ses parfums exotiques. Or si l’heure n’est plus à la contemplation mais bien à l’action ne vous y trompez pas : une œuvre peut se révéler une arme bien plus efficace qu’un décret législatif.
En créant, l’artiste nous donne à voir sa vision du monde
Il voyage dans l’espace, les couleurs et les matières. Il s’adresse à notre sensibilité pour la faire vibrer, réagir au contact de ses formes. Peut-être serez-vous davantage interpelé par une fresque poétique de Banksy que par l’interview dramatique d’un militant écologiste. Peut-être la beauté est-elle une arme plus sûre pour demander un changement de paradigme culturel que le moralisme. Musées et galeries l’ont bien compris et mettent à l’honneur ces artistes engagés et engageants.
Exemple : recenser les expositions consacrées aux arbres…
Le magazine Connaissances des arts de Juillet-Août 2019 consacrait ainsi un dossier spécial : « en cette période de détresse écologique, l’arbre devient un sujet très riche de sens pour l’art contemporain figuratif. », écrivait Axelle Corty. On pouvait alors par exemple découvrir les œuvres de Vincent Bioulès au Musée Fabre de Montpellier pour qui c’est « peindre des jardins et des arbres qui lui confèrent un sentiment de liberté ».
… et bien d’autres
Il y a aussi ces lieux comme la Fondation GoodPlanet au cœur du bois de Boulogne (92) qui toute l’année consacre ses événements, expositions et ateliers à l’écologie et au vivre ensemble. Le Mobile Film Festival a également consacré son édition de 2019 au changement climatique. Le #ACT NOW on climate change reprenait son format habituel d’appel aux films. Seule règle : 1 film, 1 minute, 1 téléphone et des centaines de propositions provenant du monde entier. Nous retiendrons particulièrement :
- “Tout va bien” de Matthieu Boivineau
- “Déclaration” de David Murad
- “III-II-I” de Fatih Yilmaz
- “Wallet” de Fatima Nofely
Les biens culturels et industries créatives constituent des relais passionnants
Capables d’interpeller chacun selon sa sensibilité pour l’amener à un changement de regard sur le monde. La culture se met au service du Développement Durable pour qu’émerge une nouvelle culture collective plus responsable. Dans un XXIe siècle où la gamification de la culture prend de plus en plus de place, certains ont même imaginé un jeu innovant pour amener un plus grand nombre à comprendre les causes et les conséquences du changement climatique.
Deux initiatives à l’honneur
La Fresque du climat : il s’agit d’un atelier participatif, ludique et très éclairant sur le processus de réchauffement de la planète qui se révèle bien plus complexe qu’on ne le pense ! Une expérience dont on sort grandi et avec l’envie de faire évoluer notre mode de vie.
Même l’économie impacte et peut être impactée par la nature, preuve en est la sublime exposition “Nés quelque part “, exposition dont VOUS êtes le héros, accueillie un temps par la récente Cité de l’Economie et sur les routes depuis. Retrouvez le programme sur le site internet de l’exposition.
Bref !
Même s’ils ne sauveront peut-être pas le monde, les biens culturels peuvent à coups de notes, à coups de mots, à coups de pinceaux, éveiller en chacun de nous cette envie d’agir pour faire que le bleu reste la couleur du ciel, de l’océan et non celle de la peur.
Par Marie Duris,
Photo-vignette : Alice in Wonderland de Tim Burton
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Sources :
- L’UNESCO « La Culture pour le développement durable »
- Magazine : Connaissance des Arts Juillet-Août 2019
- Charles Baudelaire, Parfum exotique
- Voltaire, Candide ou l’optimiste
- Diderot, Supplément au voyage de Bougainville